Découvrir le roman "La Bénédiction des ombres, sous l'oeil de Séléna" en format ebook et broché
Au programme :
✦ Extrait 1 – Sous l’œil de Séléna : la première rencontre
✦ Extrait 2 – Tavernelle : la nuit des chiens
✦ Prochains romans – Projets en cours d’écriture
Romance fantastique – meutes, lune, prophétie et cicatrices invisibles.
Dans ce premier tome, Oriane tente de se reconstruire après une enfance brisée.
Entre Rocheval, Auralia et Tavernelle, son destin va se lier à celui de Kaëron, héritier d’une meute de loups-garous.
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Toujours dans ma chemise de nuit à manches longues, pieds nus, j’étais dehors. L’obscurité ne laissait filtrer aucun bruit. Il ne faisait pas froid, la lune et les étoiles illuminaient le ciel. Je poussais légèrement sur la pointe de mes pieds, et mon corps se soulevait de terre, mes pieds à quelques dizaines de centimètres du sol. À l’aide de mes bras, un peu comme un oiseau qui battrait des ailes, je m’appuyais sur ce que je sentais comme étant des courants d’air chauds, et m’élevais.
Le vent s’engouffrait dans mes cheveux, les soulevant en une danse légère sous la lueur de la lune. L’air nocturne caressait ma peau, frais, mais vivifiant, porteur d’une étrange sensation de liberté. Sous moi, les toits des maisons de notre quartier de Rocheval s’alignaient en un patchwork géométrique, entrecoupés de rues silencieuses et de lampadaires diffusant une lumière jaune pâle. Plus loin, les avenues d’Auralia s’animaient encore de quelques voitures aux phares éclatants, serpentant à travers l’agglomération comme des lucioles prisonnières d’un labyrinthe.
Je me laissais porter, chaque mouvement de mes bras ajustant mon équilibre, comme si je nageais dans l’air, effleurant les courants invisibles qui me guidaient. La ville, sous mes pieds, semblait appartenir à un autre monde, un monde où les soucis terrestres n’avaient plus d’emprise sur moi. Là-haut, tout était plus vaste, plus paisible, comme si j’avais échappé au poids de mon existence.
Je scrutais les alentours, m’attardant parfois au-dessus d’une venelle dans laquelle j’avais remarqué une activité : un chat courant après une souris, un chien aboyant au passage, un jeune couple d’adolescents s’embrassant au couvert des haies.
J’accélérais légèrement, grisée par cette sensation de liberté. Le souffle du vent s’intensifiait, sifflant doucement à mes oreilles, glissant sur mes bras comme une écharpe de velours. Chaque battement de mon cœur résonnait dans ma poitrine, non plus alourdi par la peur, mais animé d’une exaltation profonde. J’étais libre, enfin, au-dessus de tout.
Lorsque le réveil sonnait le matin pour me rendre à l’école, je me demandais si ce n’était qu’un rêve. Ce ne pouvait être que cela. Personne ne peut voler ! Et ma chemise ainsi que mes pieds étaient propres. Et comment serais-je sortie de ma chambre ? Bien que située au rez-de-chaussée du pavillon, j’aurais fait du bruit. Non, c’était certain, ce n’étaient que des rêves. Et pourtant, cette sensation de réalité au réveil me rendait si légère. Quand le monstre m’avait hanté la veille, ce réconfort était d’autant plus important qu’il m’aidait à me dire que cela aussi, ça n’avait pas existé.
Avec le temps, mes « excursions » nocturnes m’amenaient de plus en plus loin de Rocheval.
Passé les quartiers sud, j’arrivais sur Auralia, longeais le fleuve la Lirande, survolais la statue de Diane de Clairval sur la grande place, la cathédrale Saint-Lumiane, me plaisais à apercevoir les maisons à colombages et les rues pavées, avant de rentrer à la maison.
Plus le temps passait, plus je grandissais, plus le monstre s’éloignait, moins j’arrivais à voyager. Mes escapades nocturnes se faisaient de plus en plus rares.
Je me souvenais tout particulièrement de la dernière fois où j’avais pu m’aventurer au-delà, maintenant que la mémoire me revenait. Alors que je rentrais après une excursion sur Auralia, je passai au-dessus d’un sentier lorsque quelque chose attira mon attention. Une forme sombre, massive et immobile semblait me regarder d’en bas.
D’abord, je crus à un chien. Mais il était bien trop grand. Trop puissant. Sa silhouette, malgré l’obscurité, trahissait une musculature impressionnante sous un pelage dense, entre ombre et lumière, oscillant entre le gris cendré et l’argent sous l’éclat de la lune. Ses yeux… je n’avais jamais rien vu de tel. Une profondeur étrange, mouvante, où se mêlaient des nuances de brun, d’ambre et de vert, comme un reflet changeant sous le feu d’une flamme.
Je descendis lentement, prudemment. À mesure que je m’approchais, je sentais mon cœur s’accélérer. Il ne bougeait pas, impassible, mais je savais qu’il m’observait. Il me jaugeait.
Arrivée à une cinquantaine de mètres, je pus le détailler davantage. Assis, il dépassait largement ma taille. Mon souffle se coupa une fraction de seconde : il était gigantesque. Chaque muscle sous sa fourrure semblait taillé pour la puissance et l’agilité, mais son attitude n’avait rien d’agressif. Il était là, droit, majestueux, à la fois imposant et serein.
Je posai enfin les pieds au sol, sentant la terre humide sous mes orteils nus. Mon regard ne quittait pas le sien, envoûtant, hypnotique. Une sensation étrange naquit en moi, une impression de familiarité troublante, comme si… comme si je le connaissais déjà.
Avec une infinie douceur, il inclina la tête vers moi. J’avançai une main tremblante, hésitante, effleurant enfin son pelage. Un frisson me parcourut de la tête aux pieds. Il était doux, incroyablement chaud, mais une énergie brute émanait de lui, une force contenue, une puissance qu’il paraissait dompter avec une noblesse presque surnaturelle.
Nos regards se croisèrent, et ce fut comme une secousse en plein cœur. Un écho résonna dans mon esprit. Kaëron.
Le mot vibrait en moi, comme une certitude, une évidence. Je le connaissais. Je l’avais toujours connu.
Mon cœur battait à tout rompre, mais pas de peur. Une connexion venait de s’établir, profonde. Je savais qu’il était jeune, comme moi, mais qu’il portait en lui une sagesse et une force bien au-delà de son âge.
Dans le silence de la nuit, je prononçai son nom à voix basse, comme un murmure, un secret partagé :
— Kaëron…
Ses yeux s’illuminèrent d’un nouvel éclat, et, dans mon esprit, une voix sans mots, une sensation, une présence…
— Oriane.
Alors, je sus.
Mon esprit, encore marqué par les souffrances de l’enfance, était attiré par la pureté, l’intensité, mais aussi l’humanité dans les yeux de Kaëron. Émue, mais aussi en sécurité, comme si j’avais trouvé, dans ce dernier voyage, une part de moi-même que j’avais longtemps cherchée.
Kaëron
Je percevais la nuit différemment de mes frères et sœurs de meute. Pour eux, elle n’était que chasse et traque, instinct et survie. Pour moi, elle était aussi contemplation, silence, sérénité. Je parcourais mon territoire temporaire – qui s’étendait jusqu’à l’agglomération de Rocheval – avec une assurance tranquille, au milieu des venelles désertes, savourant chaque odeur, chaque murmure de la nuit. J’aurais volontiers abandonné ce domaine à un autre jeune métamorphe en formation, avant de me voir attribuer un territoire plus boisé, loin des humains.
Cette nuit-là, une agitation inhabituelle troubla mon sommeil. Je percevais une présence étrange, aérienne, légère comme une plume glissant sur les courants nocturnes.
Je relevai la tête, intrigué. Quelque chose dans l’air était différent, une énergie à la fois fragile et puissante. Je la suivis, traversant silencieusement la nuit, attiré par cette présence inexplicable.
Alors, je la vis.
Au-dessus de moi, flottant doucement, se trouvait une enfant humaine, fine et pâle sous la clarté lunaire. Elle se mouvait avec grâce, portée par l’air lui-même, ses cheveux dansant dans le vent comme de fins rubans d’ombre. Mon cœur battait étrangement vite, mon instinct me poussait à me rapprocher, à ne pas la perdre des yeux.
Quand elle descendit lentement vers le sol, je m’immobilisai, assis, scrutant chacun de ses gestes. Je sentais son appréhension, sa curiosité aussi. Mes yeux s’attachaient aux siens avec une intensité que je ne m’expliquais pas encore. La jeune humaine me contemplait, intriguée, fascinée, mais hésitante. Nos regards étaient semblables, baignés des mêmes nuances d’ambre et de vert profond.
Je baissai faiblement la tête lorsqu’elle tendit sa petite main vers moi. En sentant la chaleur de sa paume sur mon pelage, une secousse me traversa tout entier. Une sensation inconnue, intense et bouleversante m’envahit, comme si une partie de moi, longtemps manquante, venait enfin de se compléter.
Son nom résonna en moi, spontané et puissant : Oriane.
Nos esprits venaient de se lier, comme si Séléna elle-même avait tissé entre nous un fil invisible, mais incassable.
Mon cœur de jeune loup-garou s’emballa. Mon instinct me criait de veiller sur elle, de la protéger de tout mal. Je sentais en elle des blessures invisibles, une fragilité, une douleur cachée. Elle m’appelait sans mots, sans même le savoir elle-même. Son regard noisette, si semblable au mien, me suppliait inconsciemment de rester.
J’avançai lentement vers elle, mes pattes foulant le sol avec une assurance prudente, ma démarche aussi silencieuse et fluide que l’air nocturne. Je penchai ma tête massive vers elle, cherchant sa confiance, tout en lui offrant la mienne.
« Kaëron. » Ce nom résonnait dans ma tête, une mélodie, un appel.
Elle prononça alors mon nom à voix basse, comme un secret.
Je sus à cet instant précis que mon destin venait de changer, irrémédiablement lié à cette jeune fille au regard hanté, mais aux ailes cachées.
J’avais trouvé celle que la déesse m’avait choisie. Oriane.
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Après avoir quitté Martine et Thomas, je sortis mon téléphone portable de mon petit sac à main en cuir camel pour envoyer un SMS à mes parents, les avertissant que je ne tarderais pas à rentrer et que j’étais en chemin. De chez mon amie à notre maison, il fallait environ vingt minutes à pied. Tavernelle était une petite ville, et depuis notre arrivée j’avais eu tout le loisir de la découvrir : je connaissais déjà les grands axes et les principaux commerces, et j’avais aussi exploré les rues annexes, les ruelles pavées du centre historique menant à la place de Garde avec son hôtel de ville — ancien couvent du XIXᵉ siècle — et à l’église Saint-Arbogast, édifice gothique du XIIᵉ siècle. J’avais arpenté les chemins longeant la Clarège jusqu’au vieux moulin, dont la structure menaçait de s’effondrer.
Afin de gagner du temps, je décidai de ne pas emprunter le chemin habituel pour rentrer. Le soleil avait déjà largement disparu derrière l’horizon, et la lune, presque pleine, brillait comme un phare dans un ciel sans nuages. Cette lumière me rassurait autant qu’elle m’inquiétait, sans que je sache vraiment pourquoi. Elle suffisait à suivre le sentier le long de la Clarège. Je continuai ma route, longeant la rivière dont l’autre rive bordait la forêt. Sans même m’en rendre compte, je ralentis le pas. Cette promenade en début de soirée était apaisante. J’appréciais le calme environnant, seulement troublé par le murmure de l’eau et le hululement lointain d’une chouette.
Puis quelque chose changea : un silence plus épais, une odeur métallique mêlée de poils mouillés. En approchant d’un pont permettant de traverser la rivière, je savais qu’il me restait encore quelques mètres à parcourir avant de bifurquer sur la gauche. Je ne serais alors plus qu’à cinq minutes de chez moi. Soudain, une sensation étrange m’envahit. L’atmosphère s’alourdit. J’entendais toujours le courant de la Clarège, mais le hululement cessa, et l’air me paraissait chargé de tension. Je m’arrêtai, scrutant les environs.
C’est alors que je les vis : trois chiens hirsutes, les crocs découverts, la bave dégoulinant de leurs gueules, me fixant d’un regard malsain. Ces pauvres bêtes paraissaient faméliques. Je tentai de m’approcher lentement, la main tendue, paume vers le haut. Un grondement sourd monta de leurs poitrines ; leurs arrière-trains s’abaissèrent, prêts à bondir. Je reculai, essayant de maîtriser mon appréhension.
J’avais toujours adoré les animaux et entretenais un certain lien avec les canidés depuis ma plus tendre enfance. Nous avions toujours eu un chien à la maison et, aussi incroyable que cela puisse paraître, je n’avais pas besoin de leur parler pour qu’ils me comprennent. D’un simple regard ou geste, j’arrivais constamment à faire d’eux ce que je voulais. Mais cette fois, c’était bien différent. D’une voix maîtrisée, malgré la peur qui montait en moi, je leur parlai doucement, leur assurant que je ne leur voulais aucun mal.
Le plus massif des trois avança de deux pas vers moi. Je restai immobile, consciente que les animaux ressentaient les émotions humaines et pouvaient percevoir mes intentions pacifiques. Je le regardai droit dans les yeux, tentant de contrôler ma respiration, malgré la bave abondante s’écoulant de sa gueule et ses babines retroussées. À nouveau, je tendis ma main en signe de paix. Ses yeux d’un noir d’ébène, aux bordures d’un rouge incandescent, se posèrent alors sur moi.
Soudain, l’animal bondit. Tout se passa en une fraction de seconde. Je me retrouvai au sol, sur le dos. Mes bras couvrirent instinctivement ma tête — le choc me vrilla le crâne. Une haleine rance m’assaillit. La bave s’accumula sur ma peau. Je tentai de me dégager. Je criai. La peur me paralysait ; je craignais d’être égorgée. Mes cris résonnèrent dans la nuit, tandis qu’un liquide chaud s’écoula de mon bras gauche. Ma tête me lançait violemment.
Les deux autres chiens s’approchèrent, corps tendus, prêts à l’attaque. Se joindraient-ils à l’assaut ou attendaient-ils que le premier en finisse ? J’étais certaine que ma dernière heure était arrivée. Je ne reverrais plus mes parents, mon petit frère, mes grands-parents, mes amis. Je fermai les yeux, continuant de me débattre du mieux possible. Ma jambe droite refusait de bouger, engourdie. Les larmes coulaient sur mes joues. Une fin bien triste pour une jeune fille de dix-huit ans qui croyait avoir enfin trouvé la paix à Tavernelle.
Puis, le néant.
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Ces projets sont encore en cours d’écriture. Aucun extrait officiel n’est disponible pour le moment, mais je partage régulièrement des nouvelles sur mes réseaux.